Une banlieue sous les feux d’artifice, et des projecteurs.

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Au commencement un virus, une crise sanitaire sans précédent, et un Président de la République qui déclare le confinement des Français.

Jusque-là rien d’alarmant. A ceci près que cette mesure soudaine ne prenait pas en considération les difficultés exorbitantes de certains de nos territoires.

En effet, la situation dramatique de ces banlieues nous laisse à penser, que le confinement allait transformer ces barres d’immeubles d’après-guerre en prisons à ciel ouvert. Désastre qui était clairement prévisible.

Observées par les uns comme des zones de non-droit, et par les autres comme une richesse de diversité culturelle, ces territoires se retrouvent encore à leur grand regret dans la tourmente médiatique, victime d’une réputation non désiré.

Pourtant les chevilles ouvrières, ces héros applaudis tous les soirs sont aussi ces habitants qui vivent dans nos banlieues.

Certains opportunistes et polémistes de ce fait, se servent inlassablement sur le buffet de la discorde pour assouvir leur obsession idéologique. Les déclarations se succèdent sur les plateaux tv. Il s’y dit même que ces  populations immigrées, mal intégrées, islamisés, ces étrangers conquérants en terre de France sont l’origine du mal de ces territoires perdus de la République.

D’autres encore nous expliquent la main sur le cœur qu’il faut soutenir les forces de l’ordre aveuglément, et qu’il n’existe aucune bavure policière, surement une invention d’anarchistes !

Ceux-là mêmes qui trouvaient que les policiers étaient des mutilateurs sans vergogne, voir le bras armé du pouvoir en place durant les manifestations des gilets jaunes.

Des journalistes ou politiques nous invitent dans un monde manichéen, le bien contre le mal, et que cette vision simpliste nous enjoint à choisir l’illusion d’un camp.

Cette schizophrénie volontairement assumée par certains éditorialistes, met en exergue que l’unité nationale et l’égalité serait une question de domiciliation.

Ce qui devait arriver arriva, une collision entre un véhicule de police et un habitant de Villeneuve la garenne sans casque sur un engin motorisé non homologué, lourdement blessée mets le feu aux poudres.

Depuis, nous assistons, crédules, à des émeutes qui nous évoquent les violences urbaines de 2005 qui avaient dès lors fait couler beaucoup d’encre. Ces dernières semaines, les images de guet-apens de violence à l’encontre des forces de l’ordre envahissent nos médias mainstream.

D’autres images circulent également, mais cette fois-ci sur les réseaux sociaux.

Les habitants de ces quartiers, armés de leur smartphone, filment des violences illégitimes de certains policiers à l’encontre de jeunes qui, manifestement, ne respectaient pas le confinement.

Certains syndicats de police cèdent eux aussi à la surenchère d’images et de déclarations véhémentes pour pointer ces jeunes « loin d’être des enfants de cœur »

Perdraient-ils leur lucidité dans un contexte aussi perturbant ?

Nous avions l’habitude de voir des syndicalistes dénoncer leurs conditions de travail et à juste titre, mais cette guerre de l’image, menée par les habitants et certains représentants, démontre à quel point l’opinion publique jouera son rôle d’arbitre.  Quand certains jeunes de quartiers populaires sont dépeint comme indisciplinés, les parisiens eux sont des bons vivants ne résistant pas à l’appel du soleil.
N’est-il pas temps de changer ce logiciel qui poussent politiques, institutions et journalistes parfois à nous opposer « face à face » ? N’est-il pas temps d’offrir à ces territoires ce que chaque citoyen est en droit d’attendre de notre nation, l’égalité de traitement sans concession. Le nouveau Monde devra changer de lexique, l’espoir devra naitre d’une nouvelle promesse républicaine promettant un avenir meilleur à chacun de ces habitants.

Source : Rose Ameziane